Comme le montrent les récentes polémiques à propos des requins, la valeur sociale d’une aire marine protégée (AMP) est largement déterminée par ses espèces emblématiques. L’acceptation sociale de ces espaces réglementés, qu’ils soient de « petite taille » comme la réserve naturelle marine de la Réunion ou de « très grande taille » comme le Parc naturel marin de la Mer de Corail en Nouvelle-Calédonie, est structurée entre autres par les représentations que populations, décideurs politiques, scientifiques et gestionnaires ont du territoire marin et des espèces qui y vivent. Dans ces représentations, certaines espèces occupent une place particulière pour des raisons écologiques, symboliques ou politiques. Un caractère positif ou négatif, repoussant ou attrayant peut être déterminant dans les modalités de gestion du territoire protégé, de la haute mer au littoral et de son acceptation sociale.
Lorsque des espèces emblématiques évoluent au sein d’une AMP et dans son voisinage, les représentations attachées à ces espèces et aux lieux qu’elles habitent, parcourent ou occupent à certaines étapes clefs de leur cycle de vie, sont un élément fort de l’acceptation sociale de l’AMP. La « crise requin » qui s’est déployée sur la réserve marine à la Réunion entre 2011 et 2015 en est une illustration. Les très récentes attaques de requins en Nouvelle-Calédonie illustrent également les transformations des représentations de cette espèce ( plutôt bienveillante d’un point de vue coutumier à menaçante pour le tourisme et le loisir). Les enjeux de gestion que ces espèces posent aux AMP nous conduisent à penser qu’un projet comparatif entres les deux aires marines protégées de la Réunion et de Nouvelle-Calédonie, aux statuts et aux temporalités différentes, est pertinent et peut s’avérer utile aux politiques environnementales françaises (voir les conflits associés au loup).
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